La soirée ? Comment dire… aussi bonne que la journée en fait. Une nuit de sommeil gigantesque avec une matinée passée à faire le chat sous la couette, le soleil qui filtrait les persiennes. Les quais de la Seine avec les amis. Les délires cons, N. qui me soulevait comme un sac de patates, le listing de toutes les choses qui peuvent donner envie de venir à Paris (on se demande encore qui a bien pu lancer le sujet …) et le fou-rire collectif quand on n’en a pas trouvé beaucoup plus qu’une main.
Bien sûr je ne guéris pas en un jour. Bien sûr j’ai pensé à lui. Mais sans la dimension dramatico-tragique des deux derniers jours. Plutôt comme à un absent à qui j’aurai aimé sourire en le provocant du regard. Juste ça. Parce que bordel le jour où je pourrai le faire, il sera là tu vois.
J’écris mal, je suis fatiguée. J’ai envie d’un bain, ou d’une douche trop chaude. Un truc qui me détendrait. Pourquoi pas un verre de téquila cul sec. Je suis cette petite fille trop sage qui en a marre de ne faire jamais de vagues.
Il a débarqué sur l’écran de mon PC. Et j’étais contente. Je me dandine, je me trémousse, je tiens pas en place. Je n’ai pas réussi à parler de ces 4ans. Tu fais comment pour raconter quelle gueule avait ta vie, alors que tu as laissé cette dernière derrière toi justement parce que tu ne l’assumais pas ? Je suppose que c’est des choses qu’on dit entre deux conneries, la tête posée sur l’épaule de l’autre.
Ma vie dorée et facile, la vie aux côtés de J., mon ingénieur en informatique spé intelligence artificielle disparu le jour où il est devenu trader certifié. La bourse, les gens importants, la réalité, les chiffres, la FED et toutes ces choses dont je me fous éperdument. Me remettre de la déception de le voir changer au fur et à mesure que son compte en banque gonflait, c’est sûrement une des pires désillusions qu’il m’ait été donné de vivre. Chacun sa merde sans doute. Etre un joli meuble ne m’a jamais particulièrement branché. J’évite méticuleusement de penser à la vision de moi qu’il doit avoir. Toutes ces petites choses qu’il adorait, ma « folie douce timbrée droguée » comme il disait. Tout ça doit être envolé.
Voilà, je me suis encore perdue entre deux pensées trop lourdes. J’ai encore une fois échoué sur un putain d’écran de PC.
J’aurai bien aimé que le ridicule s’arrête là. Seulement je dois avouer que si je ferme les yeux, je n’ai qu’une envie, c’est lui derrière moi, les mains sous mon sweat posées sur mon ventre et des mots dans le creux de mon oreille.
Je ne les veux même doux. Même pas tendres. C’est à l’image de tout ça. Je les veux mais je ne sais foutrement pas comment.
Bien sûr, je ne lui dis pas le cinquième de tout ça. C’est même la raison de ce lieu à forte teneur en grand n’importe quoi.